Managing collectively a complex problem on a planetary scale ? The case of space debris.
Gérer en commun un problème complexe d'échelle planétaire ? Le cas des débris spatiaux.
Résumé
Complex problems on a planetary scale, or grand challenges, present a difficulty in organizing collective action, given their complexity, their multidimensionality and the heterogeneity of stakeholders, whose interests diverge. This thesis questions the way involved actors deal with this type of empirical situation. To answer this question, the research carried out focuses on the case of space debris, whose proliferation on Earth’s orbits threatens the pursuit of space activities. The use of a flexible research design is necessary to study this unique and complex case, along different levels of analysis and by means of complementary methodological approaches. Methods such as management scenarios, discourse analysis and case studies of a sector, a firm, or a recurring scientific event have been employed. The articulation of narration and description helps to highlight various dimensions of the problem which may be treated from the point of view of regulation, the market, or the common goods. These dimensions have been explored throughout the thesis and reveal several sets of results. First, the management of the problem is based on the establishment of a polycentric regulation system, organized around several centers, which are producing a wide array of rules and are driven by the circulation of norms and individuals. Secondly, the proliferation of space debris is giving rise to the emergence of a new market for collective concerns. This is leading to the implementation of different strategies by players as well as a dynamic interplay between several market categories. Third, the community of experts, called “global commoners” because of the emotionally driven relationship they have with the problem, plays a central role. This is particularly the case in the production of knowledge and its consequent diffusion. Finally, this knowledge is at the heart of the organization of collective action and aims to guide the behavior of actors in various ways. These results have made it possible to identify “global commoning” as a new way of managing complex problems on a planetary scale. This doctoral work contributes to the theory of the commons by specifying the modes of coordination of polycentrism and by transposing the notion of commoning on a global scale; it contributes to research on grand challenges by emphasizing the importance of individuals’ emotions.
Les problèmes complexes à l’échelle planétaire ou "grand challenges" présentent une difficulté dans l’organisation de l’action collective, compte tenu de leur complexité, de leur multidimensionnalité et de l’hétérogénéité de leurs parties prenantes dont les intérêts divergent. Cette thèse s’interroge sur les modes de gestion mis en œuvre par les acteurs impliqués pour faire face à ce type de situation empirique. Pour répondre à cette question, la recherche menée se concentre sur le cas des débris spatiaux, dont la multiplication sur les orbites terrestres menace aujourd’hui la poursuite des activités spatiales. L’utilisation d’un design de recherche flexible est nécessaire pour étudier ce cas singulier et complexe, selon différents niveaux d’analyse et à travers plusieurs approches méthodologiques. La recherche s'appuie sur l’élaboration de scénarios de gestion, l’analyse de discours et des études de cas sur un secteur d’activité, une firme ou un évènement scientifique récurrent. L’articulation des méthodes de narration et de description permet de mettre en avant différentes dimensions du problème, qui peut être envisagé sous l’angle de la régulation, du marché, ou des communs. L'analyse successive de ces trois modes de gestion fait apparaître plusieurs ensembles de résultats. Premièrement, la gestion du problème repose sur la mise en place d’un système polycentrique organisé autour de plusieurs centres de régulation coordonnés entre eux par la circulation des règles et des individus. Deuxièmement, la prolifération des débris spatiaux suscite l’émergence d’un nouveau marché d’intérêt collectif, qui entraîne la mise en place de différentes stratégies d’acteurs et un jeu dynamique entre plusieurs catégories de marché. Troisièmement, la communauté d’experts, appelés « commoneurs globaux » en raison de la relation affective qu’ils entretiennent au problème, joue un rôle central notamment dans la production de connaissance et dans sa diffusion. Enfin, cette connaissance est au cœur de l’organisation de l’action collective et vise à orienter le comportement des acteurs, tout en prenant des formes variées. L’ensemble de ces résultats permet d’identifier le ”commoning global” comme un nouveau mode de gestion des problèmes complexes à l’échelle planétaire. La thèse vient enrichir la théorie des communs en précisant les modes de coordination du polycentrisme, et en transposant la notion de "commoning" à l’échelle globale ; elle contribue aux recherches sur les "grand challenges" en soulignant l’importance de la dimension affective des individus impliqués.
Origine : Version validée par le jury (STAR)